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Au programme:
Un work (pas assez) in progress, une reprise (toute pourrie ?) et une nouvelle géopolitique (utopico-dystopique et très improbable).
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Ami-camarade adorateur du Grand Mythe Vaquettien,
La nostalgie, camarade : on va revenir aux bonnes vieilles habitudes et entamer cette Encyclique par un édito dans lequel je vous raconte ma vie et mon work (pas assez) in progress (les deux étant liés : sagaces comme vous l’êtes, vous l’aviez pressenti). Les nouvelles réellement nouvelles sont livrées en dessous (enjoy !) : une reprise toute pourrie (ou pas) et une nouvelle dystopique (ou pas). Pour ceux qui veulent aller à l’essentiel, vous pouvez conséquemment zapper cet édito (ou pas).
« Te marie pas, ne vote pas, sinon t’es coincé. » C’est Ferré qui donne ce conseil dans Il n’y a plus rien (Elle était belle comme la révolte, elle s'appelait l'imagination (…) Ces désespoirs soumis, toute cette tristesse qui se lève le matin à heure fixe pour aller gagner vos sous (…) Il n'y a plus rien, et ce rien, on vous le laisse !, etc. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, c’est à mon sens l’une des plus grandes… chansons françaises qui soient, je vous la conseille dans cette version live.)
Cela étant, ne vote pas, bah !, vas-y si ça te fait plaise (et que ça te permet de faire des économies en ramassant (comme moi – voyez !, je me poucave) un paquet de bulletins vierges pour en faire des post-it (sans compter que ça a un côté réjouissant de prendre des notes pour mon #BaiseTaFéministe au dos d’un tract de Sandrine Rousseau ou de griffonner le numéro d’un dealer sous le nom de Gérald Darmanin (voire d’un dealer arabe sous celui d’Éric Zemmour ou de Marion Maréchal) – on s’amuse comme on peut dans nos campagnes…)), ça n’a aucune importance et ça ne fait perdre qu’un quart d’heure tous les plus ou moins deux ans – et basta ! En lieu et place, moi, j’aurais plutôt tendance à vous livrer ce bien meilleur conseil (ce serait d’ailleurs un débat stimulant de savoir s’il est plus, moins ou autant anarchiste) : ne travaille pas, sinon t’es coincé !
(Digression. Vous savez quoi ? Si je devais écrire un roman aujourd’hui, je raconterais l’histoire d’une jeune fille qui préfère l’escorting à 300 euros de l’heure plutôt que l’aliénation salariale payée au smic – Alice est d’accord avec moi. Fin de la digression.)
Sénèque ouvre ses Lettres à Lucilius (c’est vous dire à quel point c’est primordial) par ce conseil : « Affirme ta propriété sur toi-même, et le temps que, jusqu’ici, on t’enlevait, recueille-le et préserve-le. (…) Toute chose, Lucilius, est à autrui, le temps seul est à nous ; c’est l’unique bien, fugace et glissant, dont la nature nous a confié la possession : nous en chasse qui veut. »
Je vous l’ai sans doute déjà confié ici ou ailleurs, depuis plusieurs années déjà, je lis les stoïciens, et ces lectures m’aident à moins mal traverser la vie. C’est normal, me rétorquerez-vous en vous imaginant cinglant : c’est une philosophie de loser, si ce n’est d’esclave (Épictète était esclave). Ce n’est pas faux puisqu’elle apprend à ne donner de l’importance qu’à ce qui ne dépend que de nous, or, en particulier, l’argent ou la position sociale ne dépendent que très aléatoirement de notre propre valeur et des efforts qu’on fait pour l’incarner, a fortiori dans les métiers des arts et du spectacle qui ne figurent pas parmi les moins injustes (Alice est de nouveau d’accord avec moi, tout comme Lawrence d’ailleurs, ainsi que Léon Bloy – et même Vaquette, c’est vous dire !). En ce sens, on peut énoncer (je laisse les spécialistes me contredire (ou pas)) que c’est une philosophie d’esclave qui souhaite devenir son propre maître – et devenir son propre maître, ça, ça me va bien… Et puis (j’ai déjà dû également vous le confier), j’assume pas trop mal aujourd’hui d’être un loser, d’être un raté social. Mais n’y voyez surtout pas une rodomontade, pas plus qu’un regret si profond que ça, et encore moins un autodénigrement ou un auto-apitoiement, uniquement le constat objectif (qu’il faut de la lucidité et du courage pour affronter en face : ça aussi, ça me va bien) d’un type (surdiplômé qui plus est (je dois être, j’imagine, l’un des normaliens les plus pauvres de France)) qui n’aura jamais de Rolex avant ou après cinquante ans.
Je suis un raté social, ça veut dire en particulier, quant au sujet que j’aborde ici, que, depuis quelques années (précisément depuis la Bulle 65 de cette Encyclique), je ne suis plus l’absolu maître de mon temps mais que je l’aliène dans un boulot alimentaire alors que je pourrais – et devrais, même !, de mon point de vue du moins – le consacrer exclusivement à Vaquette. Vous noterez d’ailleurs que si j’étais Despentes ou Orelsan (je veux dire : si j’avais leur succès), je pourrais consacrer mon temps exclusivement à Vaquette (vous noterez également que Despentes ou Orelsan devraient, eux aussi, consacrer leur temps exclusivement à Vaquette – mais c’est un autre débat…). C’est d’autant plus vrai que, toujours si j’étais Despentes ou Orelsan, je ne consumerais pas la plus grande partie du temps qu’il me reste à corriger et mettre en page mes bouquins, ou à mixer et à youtuber mes reprises toutes pourries, etc. : des structures professionnelles s’en chargeraient bien naturellement pour moi (mais cet aspect de ma vie de raté – être 100% Do It Yourself –, ce n’est pas, et de loin, celle que je regrette avant tout : c’est précisé au besoin). Sans compter que, tout aussi naturellement, je m’occupe, comme un grand, de, par exemple, mon ménage ou ma lessive, la tonte de mon terrain ou, en ce moment…, couler une dalle en béton avant de monter dessus une cabane de jardin : pas sûr que Despentes ou Orelsan ne payent pas des gens qui les libèrent de ce genre de tâches chronophages…
Tout ça pour vous dire que, insidieusement – c’est le bon mot –, mon boulot alimentaire me détourne de Vaquette et que, conséquemment, mon work in progress n’avance pas assez, au point d’en devenir angoissant – là encore, je vous jure que c’est le bon mot.
Entrons dans les détails.
En mars dernier, j’ai attaqué le montage de la partie II (celle consacrée à Du champagne, un cadavre et des putes) de notre interview collaborative (la partie I est ici, je le rappelle au besoin). Bilan, j’ai quasiment mis en boîte deux heures et demie de vidéo. Je dis quasiment parce que, depuis – c’est une folie !, véritablement une folie ! –, je n’ai pas trouvé trois ou quatre jours de suite pour me remettre dedans, retrouver mes notes d’époque, re-re-regarder l’ensemble, achever quelques fignolages (des sous-titres pour contextualiser, par exemple), découper ces 2h30 en cinq (a priori, ça m’a l’air d’être le bon chiffre – à affiner au besoin) épisodes en copiant-collant les génériques de début et de fin, photoshoper des vignettes d’illustration bien moches comme un vrai influenceur, puis encoder et uploader le tout sur Youtube. Le plus drolatique, c’est que, dans ces passages déjà montés, j’évoque un peu longuement les raisons pour lesquelles la totalité des tomes de Du champagne ne sont pas encore parus et, par-delà, pourquoi mes projets avancent si lentement (d’où l’intérêt des sous-titres pour contextualiser : à cet endroit, par exemple, je vais ajouter Et en plus, maintenant, j’ai un travail alimentaire… – lol !).
Cela étant, en théorie, ledit travail alimentaire devrait (j’espère) se calmer pendant un mois ou deux, et je devrais être ainsi en mesure de vous offrir ces cinq épisodes pour la rentrée des classes, ce qui me donnera(it) l’occasion d’une nouvelle Encyclique. Puis d’une nouvelle encore courant 2026 : ah si !, parce que j’ai oublié de préciser que ces 2h30 d’interview ne correspondent que peu ou prou à la moitié de la totalité de vos questions (et de mes réponses déjà enregistrées) dédiées à cette seule partie ! En conséquence, si je trouve deux ou trois semaines pas trop discontinues pour me consacrer à la fin de ce montage en 2026, vous aurez droit à cinq nouveaux épisodes. En attendant bien sûr que je tourne et monte (2027 ?, 2030 ?, 2052 ?) les réponses aux cinquante questions de cette interview collabo qu’il me reste à traiter, soit, à la louche, une dizaine d’heures encore de vidéo…
Voilà pour ce projet. Et pour Du champagne, un cadavre et des putes, c’est pire encore, vous allez voir, puisque j’ai arrêté de travailler dessus en… février dernier ! Et je n’ai même pas eu le temps de finir de relire la totalité du roman en me posant (cf. la précédente Encyclique) la question de la publication intégrale ou de celle en un seul tome de seulement mille pages. Disons juste qu’à ce moment-là de ma réflexion (mais ça peut encore changer, ah çà oui !), je penchais plutôt pour suivre le (bon ?) conseil de ma maman : Un seul tome, niet ! Tu as embarqué les lecteurs dans l’aventure du roman intégral : trop long ou pas, maintenant, tu vas jusqu’au bout et tu leur livres le roman tel qu’il a été écrit ! Sinon ça ne veut rien dire ! Tant pis pour eux ! Et on verra par la suite si Du poignon productions (ou, mieux !, un autre éditeur (Grasset ?, pistonné par Despentes qui s’est mise à consacrer tout son temps à Vaquette ?)) publie la version plus réduite et plus efficace. Disons qu’en relisant le début de la dernière partie du roman (celle qui n’est pas encore publiée), je me suis rendu compte que, diminuer drastiquement sa pagination, ça voudrait dire perdre un paquet de passages mémorables, en particulier la scène la plus hard-core du bouquin, la plus malaisante peut-être (dans le sens de Vlan dans ta gueule ! : même en privé, en tête à tête avec un livre, ça fout un sacré malaise de se faire tarter la face) et que, une bonne partie (la meilleure !) de mon public confidentiel – vous êtes MerveilleuX ! – est prête, je pense, à s’enquiller la fin d’un roman trop long et insuffisamment efficace en échange de quelques scènes comme celle-là. Je me trompe ?
Mais, une fois encore, la décision est tout sauf prise. Je vais réattaquer les relectures dès que j’aurai terminé ma dalle en béton, le montage de ma cabane de jardin, celui de la première moitié de la deuxième partie (vous suivez ?) de mon interview collabo, le déménagement de ma maman (toujours elle) et des câlins aux chats de ma voisine pendant qu’elle sera en vacances. À moins bien sûr que, avant, un nouveau boulot alimentaire pour Netflix ou Disney ne me retombe dessus : Sisyphe, balise ta piste…
Alors, une fois cette décision prise, je me lancerai – à mes moments perdus : Sénèque, au secours ! – dans la publication, soit de la version editor’s cut, soit du dernier tome (tout d’un coup ! – mille pages ?) de la version intégrale.
Là, de deux choses l’une.
La première, de loin la moins probable – mais le pire n’est jamais certain et il n’y a pas besoin d’espérer pour entreprendre –, je démissionne de mon boulot alimentaire ET un correcteur pro ET un graphiste pro (pour mettre en page l’intérieur du bouquin) m’offrent leurs services gratuitement, et alors, alors seulement, on peut rêver qu’un nouveau tome de Vaquette sorte pour la Noël prochaine.
La seconde, c’est une parution le 13 avril 2026. Ou quelques mois plus tard, à l’automne par exemple, disons (pour rire), histoire de fêter la rentrée littéraire… Ou plus tard encore. En fonction des disponibilités dont disposera ma vie de raté insidieusement aliéné par le principe de réalité qui s’est rendu maître de mon temps.
À bientôt pour de nouvelles aventures,
Champagne !,
L’IndispensablE
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Ils sont tombés |
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J’ai commis une reprise de Ils sont tombés d’Aznavour, reprise pour le moins personnelle (il faut bien qu’elle ait une qualité même si, pour un paquet de gens qui ne vous valent pas (car, vous, ce n’est pas pareil, vous êtes MerveilleuX (on ne le répétera jamais trop) !), ce ne sera perçu que comme un défaut). J’ai posté ça sur YouTube il y a un mois et demi (mais, quel étonnant hasard !, elle est toujours autant d’actualité…). Avec le sentiment que c’était ça ou ne rien faire.
Ben…, t’aurais dû rien faire, Vaquette…
Pour être tout à fait honnête, j’étais à peu près certain que j’allais me prendre des cailloux sur la tête (ce qui vaut toujours mieux que des bombes larguées depuis des F-16 ou des colis de nourriture dont le parachute est parti en torche) sur le mode Quand on chante aussi mal, on s’abstient de reprendre du Charles Aznavour, monsieur ! (ce qui n’est pas tout à fait faux, moins en tout cas que la manière dont je place mes notes en si bémol mineur…). Et puis, étonnamment : non ! Les premiers auditeurs ne l’ont pas trouvée si pourrie que ça, ma chanson toute pourrie. Aussi, je vous laisse juge à votre tour : préparez les cailloux – ou pas.
Et sinon bien sûr, rien ne vous empêche de réécouter l’original (ici par exemple) en ajoutant vous-même mentalement le sous-texte (ou pas).
Ah ! J’ajoute juste un truc : la photo d’illustration n’est pas celle qui avait créé la polémique il y a quelques mois en couverture de L’Humanité, mais elle provient réellement des archives du génocide arménien. Comme quoi, Barbara a raison : les enfants, ce sont les mêmes, à Erevan et à Khan Younès…
Et pour la peine (imaginez : plutôt que de la prison ou un bracelet électronique, on devrait condamner Sarkozy à écouter trois heures par jour du Vaquette, là, il rigolerait moins, pépère…), je vous remets le lien vers Rave party à Gaza parce que, moi, je l’aime bien cette chanson toute pourrie. Alors bien sûr, à l’époque, pareil, j’avais écrit, enregistré et mis ça en ligne à toute vitesse avec le même sentiment que c’était ça ou ne rien faire. D’une certaine façon, ça ressemblait pas mal à Joe Sacco dont le Gaza 56 est admirable par le temps, l’exigence, la somme de travail qu’il lui a consacré (424 pages) et qui a publié à l’arrache, il y a un an, les 32 pages de Guerre à Gaza…
Disons que si j’avais su que la guerre allait durer tant et tant, j’aurais pris un mois plutôt que deux jours pour vous sortir ce morceau. J’aurais demandé au Gitan de Shanghai de me faire une ou deux guitares (pas toutes pourries – forcément avec lui !), j’aurais peut-être même bricolé une orchestration autour de ces guitares, ajouté un refrain et un solo de bombes pour briser le côté répétitif des mini-couplets, etc., bref, j’aurais sorti un morceau moins tout pourri. Tant pis pour vous – et pour les oreilles de Sarkozy (en même temps, depuis le temps qu’il doit assister aux concerts de sa femme, j’imagine qu’il est mithridatisé).
Ah ! Et pour clore le thème (les chansons toutes pourries), je vous en livre une, vraiment – fingers et bouchon d’oreille in the ears ! –, numéro un au Top tout pourri ! C’est Cazu (le poète) qui a numérisé ma cassette (toute pourrie) d’époque (Prince du Bon Goût, avec Vaquette qui encule un cochon à la foire du Trône en guise de visuel) et qui m’a envoyé le résultat (merci à lui !). Heureusement que j’avais complètement oublié ces chansons sinon j’aurais arrêté Vaquette depuis longtemps et j’aurais consacré tout mon temps à Despentes ou à Orelsan. Mais comme il ne sera pas dit que Sarkozy, Cazu et moi, on souffrira tout seuls (et puis, si par un prodigieux hasard il me lit, ça me permet de faire un amical coucou à Hugues S., au saxophone (et peut-être même au solo de guitare, mais comme il est tout pourri, à mon avis, c’est moi qui l’ai joué)), je livre ici aux plus courageux d’entre vous Moi, et un peu de toi (j’ai écrit ça à l’époque de mes premiers groupes punks, je n’avais pas vingt ans : ça n’excuse rien, madame la procureure, mais ça explique quand même…).
Pardon.
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L’Ironie de l’histoire |
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Une nouvelle géopolitique, utopico-dystopique et très improbable de T.-E. Vaquette.
En ce jour de défilé militaire, je vous livre un texte pacifiste (après une reprise qui l’est tout autant) : avouez que ça s’imposait !
J’ai en effet écrit une nouvelle, disons, géopolitique, il y a quelques semaines. Précisément, j’ai mis le point final deux jours avant le début des bombardements israéliens sur l’Iran (avouez que c’est pas de chance – ou alors un complot du Mossad (car Netanyahou m’en veut personnellement)). D’un coup, ça pouvait la rendre ridiculement obsolète du jour au lendemain, aussi je l’ai mise au chaud dans ma culotte au lieu de la diffuser et de me taper l’affiche. Et puis, la guerre a cessé douze jours plus tard et le régime iranien est toujours en place (et sans doute renforcé) : ouf !, je peux donc vous livrer mon texte ci-dessous – enjoy !, c’est cadeau !
J’ajoute juste auparavant deux petites choses.
Et de un, le principe de la dystopie, ce n’est pas d’imaginer un futur qu’on pense probable (bien au contraire !) mais, en projetant un récit exabusé qui a très peu de chances de se réaliser un jour en l’état, d’essayer de réfléchir, moins légèrement qu’il ne semblera peut-être à certains, sur notre réalité, aujourd’hui. Dit autrement, faites-moi l’honneur de ne pas penser je suis devenu subitement un gauchiste encarté tremblant devant Trump et/ou le retour de la bête immonde (Eh !, les gauchos, les fafs et les autres, je vous rappelle que c’est moi que j’ai écrit il y a 35 ans Vive Le Pen ! à une époque où pratiquement personne ne pouvait l’entendre, alors, vos leçons de morale, ici comme ailleurs, dans votre cul de sales putes pédés-gouines (histoire d’être homophobe, misogyne et putophobe en même temps, na !).) En revanche, par exemple, la phrase qui est répétée deux fois dans le texte (car la répétition est la base de la pédagogie), oui, je pense qu’elle porte en elle une clef d’analyse de notre époque qui n’est pas tout à fait crétine et qui va au-delà des idées toutes faites des intellectuels médiatiques.
Et de deux, conséquemment, si un journal, un magazine, une revue, un site web, etc. veut la publier, n’hésitez pas à me contacter.
Bonne lecture sur la plage – ou sous les bombes (ou les deux en même temps pour ceux qui ont la chance de passer leurs vacances sur la Riviera à Gaza) !
Je suis francophone.
Je ne l’écris pas trop fort parce que ce n’est pas bien vu ces temps-ci, ici, en Iran. Ça l’a peut-être été il y a vingt-cinq ans. Pas du côté du pouvoir, bien sûr, mais d’une certaine intelligentsia, certainement. Ça avait un côté artiste subversif exilé au Festival de Cannes ou au Salon du livre à Paris… Mais aujourd’hui, ni du côté du pouvoir, ni de celui des élites culturelles, ni de celui du peuple bien sûr, pas sûr qu’on trouve encore quelqu’un pour porter la France dans son cœur. En même temps, vu les Rafale qui sillonnent le ciel H 24 pour nous balancer des missiles sur la gueule, ça se comprend… Parce que c’est tout de même autre chose que les bombardements israéliens et américains de 2025. Encore que…, les deux ont un point commun : celui d’avoir plus renforcé qu’affaibli le pouvoir en place – même si, aujourd’hui, on ne va pas s’en plaindre…
Anyway, je suis francophone. Et comme on n’a rien à foutre depuis un mois, coincés au fond de notre abri, je me suis dit que j’allais lire, sur les archives du web, un peu tout ce qui avait été publié en France, disons, entre il y a trente et dix ans, pour essayer de chercher si quelqu’un, dans ces années-là, avait ne serait-ce qu’imaginé le bouleversement – le mot est faible – du monde qui s’est produit en simplement quelques années. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est que personne, mais alors personne, n’avait rien vu venir !
Trump, par exemple. Au lendemain de sa deuxième élection, comme chacun ne comprenait un peu trop rien au bonhomme, l’usage partagé par tous était, très prudemment, de se demander si on avait affaire à un guignol plus ridicule d’égotisme que véritablement dangereux, ou si, a contrario, on assistait à l’avènement d’un futur Néron qui – façon Star Wars ou Gladiator – allait faire basculer les États-Unis de la république à la dictature… En ce sens, on peut dire – si on veut être gentil… – que la plupart des gens avaient vu à moitié juste… Ou à moitié faux. Ou, plus sûrement, ne s’étaient pas mouillés et que la nature profonde du personnage et de son régime les avait dépassés…
C’est quand il a affirmé qu’il allait se représenter pour un troisième mandat, puis qu’il a annulé les élections qui l’avaient vu perdre, puis suspendu la Constitution en se nommant président à vie avec pour successeur désigné Elon Musk (malgré les nombreuses brouilles puis réconciliations entre eux…) que plus personne n’a eu de doute sur le caractère autocratique du monsieur et sur la faible résilience de la démocratie états-unienne – si ce n’est l’appétence de la plupart des Américains pour, disons pudiquement, un régime fort…
Mais c’est quand il a fait exécuter Musk par inhalation d’azote en désignant Steve Banon comme nouveau successeur, puis qu’il l’a fait lui-même passer quelques mois plus tard sur la chaise électrique que, dans la presse française (comme partout ailleurs, j’imagine), on s’est mis à comprendre qu’il n’était pas juste un guignol ridicule…
Bref, le danger que pouvait représenter Trump, admettons que ça ait été un peu – vraiment un peu, pas beaucoup – compris à l’époque, mais le reste, tout le reste !, c’est passé autant au-dessus de la tête de tous que les missiles occidentaux qui, chaque jour, nous tombent dessus – sur nous comme sur la moitié du monde…
En particulier, la chose qui me frappe le plus en lisant la presse française – et les déclarations des hommes et des femmes politiques – de l’époque, c’est la façon dont, de manière très binaire, très simpliste, la plupart, dès le lendemain de sa seconde élection, se sont mis à opposer Trump à l’Europe, en prêtant à cette dernière des vertus intangibles de défense de l’humanisme, de la démocratie ou de l’État de droit ! Lol ! Énorme lol !
Le plus cocasse, si on veut, c’est que, dix ou vingt ans avant Trump, il était de bon ton, du moins dans un certain camp politique, de s’offusquer, de s’indigner ou, au minimum, de s’inquiéter de la montée de l’extrême droite sur l’ensemble du continent – en France, en particulier. Et puis, presque du jour au lendemain, le discours dominant s’est mis à présenter l’Union européenne, non seulement comme un genre d’idéal anti-Trump, mais surtout comme étant destinée, sur le long terme, envers et contre tout, envers et contre tous, à le rester. Sans vouloir regarder en face – ne serait-ce que comme une hypothèse pas tout à fait chimérique – que – ce qui est advenu, bien sûr, et en moins de dix ans !, à peine plus de cinq… – le jour où une majorité d’États du Vieux Continent auraient à leur tour, l’un après l’autre, basculé à l’extrême droite, l’Union européenne – et le Royaume-Uni en prime ! – aurait, de fait, très évidemment, sans aucune contestation ni recours possibles, basculé avec eux, redessinant, des deux côtés de l’Atlantique, un monde occidental de nouveau uni. Parfaitement uni. Par les mêmes valeurs…
Mais allez !, admettons que cette volte-face de l’Occident démocratique ait pu être imaginée par certains – plus comme une dystopie d’ailleurs que comme un avenir réellement possible, surtout à échéance aussi proche… –, ce qui était inconcevable, hors du sens commun partagé par tous, c’est le basculement politique, comme en miroir, peu ou prou sur la même courte période, de l’autre moitié du monde !
Qui aurait pu prédire à l’époque – personne, vraiment personne !, je le répète, à en croire du moins ma lecture des articles d’il y a trente ou quinze ans – que des soulèvements populaires allaient balayer les régimes autocratiques de la moitié du globe, à commencer en tout premier – ce n’est pas une mince fierté ! – par celui de mon pays, puis, entre autres, très vite, de la Turquie, de l’ensemble du monde arabe ou de la Chine dans la foulée ? Et pourtant…
Et c’est là où je tiens absolument à citer – et à souligner – une phrase que j’ai dénichée au détour d’un texte de l’époque et qui – aujourd’hui – ne semble pas si con que ça. Phrase qui, autant que je peux en juger, n’a eu aucun écho de son temps et qui, pourtant, dans toutes mes recherches, est peut-être la seule qui comportait un peu de vérité profonde – il est vrai qu’a posteriori, c’est plus facile à juger…
Voici la phrase : « L’enjeu géopolitique majeur des prochaines décennies sera de savoir qui, entre les démocraties libérales et les régimes autoritaires, saura le moins mal résister aux contestations intérieures qui menacent leur structure même. »
Je la répète pour que chacun en saisisse la portée et… – rétrospectivement – l’humour : « L’enjeu géopolitique majeur des prochaines décennies sera de savoir qui, entre les démocraties libérales et les régimes autoritaires, saura le moins mal résister aux contestations intérieures qui menacent leur structure même. »
Qui aurait pu prédire à l’époque – ou ne serait-ce qu’imaginer – que la tentation autoritaire en Occident serait aussi forte que l’aspiration à la liberté, par exemple, en Iran, en Turquie, dans le monde arabe ou en Chine ? Et que les autocraties seraient aussi faibles que les démocraties libérales ? Ils n’étaient pas nombreux, semble-t-il…
Alors est arrivé ce qui devait arriver. Les dictatures ne survivant que par le conflit, lorsque les ennemis intérieurs n’ont plus suffi, les États-Unis et l’Europe – qui avait multiplié par deux ses budgets militaires dans les années 2020 pour contrer, paraît-il…, le modèle militariste, expansionniste et autoritaire de Vladimir Poutine : avouez que c’eut été péché, et harām, que ces armes ne servent jamais à rien… – ont rejoint les deux seuls États majeurs qui – quel étonnant hasard – n’ont pas changé, en cinquante ans, du tout au tout de paradigme – Israël et la Russie, bien sûr – pour former un… axe de défense de l’Occident judéo-chrétien – rien que ça ! – et déclencher une… guerre de civilisation contre ce qu’il était convenu d’appeler à l’époque le Sud global, guerre, au passage, présentée dans leur propagande comme motivée également par des considérations environnementales : ah si !, s’approprier nos ressources minières permettra de développer les technologies de la transition écologique – encore une guerre propre…
Remarquez ! Un conflit militaire États-Unis et Europe contre Chine et Iran, ça…, au début du XXIe siècle, oui !, bien sûr que c’était envisageable à moyen terme – a fortiori pour le contrôle du sous-sol et des fonds marins… Peut-être peu probable, pessimiste, mais envisageable. Sauf que…, à présent, ce sont nous qui endossons le rôle de…, disons (pompeusement, j’en conviens)…, d’internationale de la liberté, du progrès social, de la démocratie et des droits humains, bref, le… camp du bien en croisade contre les… forces du mal.
L’ironie de l’histoire.
T.-E. Vaquette, juin 2025
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